HISTOIRE D'AVANT

Dans AUVERGNE

L' AME D'UNE LAME

Par Le 13/08/2007

(premiere partie dans "histoire d'antan ")

D'un morceau de corne le cacheur avait fait un superbe manche, la corne ramollie dans l'eau bouillante avait été redressée, taillée. Le monteur ,par un mouvement régulier de son archet avait donné la vitesse nécessaire à la pointe pour percer et ajuster le manche . Le polisseur avait achevé le travail en polissant la lame avec une frotte à main. Un travail difficile ,fatiguant que l'arrivée de l'électricité ne rendra guère plus aisée , parce que c'est l'époque aussi où l'on veut vendre beaucoup et pas cher.

En 1883, les emouleurs ,créeront la première corporation, sorte de société de secours mutuel , transformée en 1900 en syndicat. Il y aura le syndicat des polisseurs, celui des forgerons...autant de métiers que de syndicats et puis en 1936 tous les syndicats feront une grève. 8000 ouvriers cesseront le travail. De cette mobilisation ils obtiendront des salaires officiels dont voici quelques chiffres
14 15 ANS 1F50
15 17 2F
POLISSEUR 4 à 5 F ....

Le couteau du marin français a suivi le même chemin de fabrication que des milliers d'autres depuis 300 ans .Il aurait pu partir pour la turquie , à Damas peut etre , là où l'on a decouvert l'art de la lame damasquinée.

Il aurait pu se retrouver dans une des vitrines du musée de la coutellerie à Thiers , cotoyant l'infiniment grand de 2M ou l'infiniment petit , 2cm et moins encore... Il aurait accompagné la vie de son propriétaire comme les dagues , les couteaux de voiliers utilisés par les marins de Toulon en 1900, les couteaux de chasse ,couteaux de voyage, couteaux à deux lames , poignards, tailles plumes , rasoirs...

Son manche aurait été de bois de rose ,de loupe de tuya de corne ou de bois ordinaire ...mais il serait resté "le couteau " , celui dont on ne se séparait qu'à regret , le léguant à son heriter de coeur , ou le perdant sur une table de jeu.. .

envie de mieux comprendre ce métier ?
http://www.musee-coutellerie-thiers.com/videos-chauffe.htm

Dans AUVERGNE

LAME

Par Le 10/08/2007

En cette fin de soirée de l'année 1870 un homme encore jeune franchit la porte d'une taverne du port . Il sort de sa poche le couteau qu'il vient de gagner aux cartes ,une partie qu'il craignait de perdre comme à son habitude ,mais cette fois la chance était avec lui et le couteau a changé de main, il y a encore quelques instants il appartenait à un marin de l'equipage du navire français qui relache dans le port d' Alexandrie .Il le soupèse ,carresse le ponçon sur la lame. Peut il imaginer même un instant la vie des Thiernois qui ont façonné ce couteau ?....

Il fait chaud dans la forge ,une chaleur suffocante. Un coup d'oeil a suffi pour connaitre la bonne température du métal :rouge cerise c'est 900° ET blanc 1500
D'un morceau d'acier le forgeron après 100 coups de marteau et après l' avoir ébavuré a sorti une lame brute , sans éclat , sans tranchant , sans vie...

Descendant d'un des villages entourant Thiers , la lame s'est retrouvée chez l'emouleur pour l'emouture et le polissage

Couché à plat ventre sur une planche au dessus de la grande meule qui tourne ,mue par la roue à aube , l'homme travaille la lame ,la transforme .
Le rouet est installé au fond des gorges de la Durolle ,rivière qui longe le village et dont la légende raconte que seule ,elle détient le secret du trempage.
Avec leurs compagnons , très tôt le matin , ils descendent le chemin rocailleux qui mène vers la rivière et par petits groupes de 6 ou 7 , leur fidèle chien jappant et gambadant dans les hautes herbes proléfiques grâce à l'humidité , rejoignent les grandes batisses de pierres construites sur les rives ombragées où croissent mousses et fougères .
Parfois dans la journée , leur travil est interrompu par l'arrivée d'une nouvelle meule .C 'est qu'elles s'usent vite! et plusieurs fois l'an on doit les remplacer . Alors ,tous le souvriers d'un même rouet,pour une bouteille de vin s'entraident pour l'installer . La pierre usée rejoindra les autres à l'exterieur pour un dallage ,quesques marches descendant à la rivière ou une table improvisée pour profiter de quelques rayons de lumiere au moment de al coupure de midi

560c2845a0ee16a3dff862b2b08481d2.jpg